Il y a des retours qui marquent les esprits, et celui de Rodrigue Neti en fait partie. Le pilier gauche du Stade Toulousain, âgé de 31 ans, retrouve Marcoussis après cinq longues années d’absence. Une sélection inattendue sur le papier, mais parfaitement justifiée au vu de ses performances en club. Plongée au cœur d’une convocation aussi symbolique que stratégique.
Un retour inattendu mais mérité
Alors que le staff du XV de France, dirigé par Fabien Galthié, avait initialement misé sur la jeunesse en convoquant Benjamin Bertrand, autre pilier toulousain, pour le début du rassemblement de novembre 2025, le vent a tourné à quelques jours de la réception tant attendue de l’Afrique du Sud. Bertrand, prometteur mais encore en apprentissage au niveau international, a finalement cédé sa place à Neti.
Ce revirement n’a pas manqué de surprendre l’intéressé lui-même. En conférence de presse, le pilier a confié : « J’ai eu William (Servat) vendredi à midi. Il m’a appelé pour me prévenir que j’intégrais la liste des 42 et je ne m’y attendais pas forcément parce que moi, j’étais focalisé sur le club et tout ça. Je suis très content d’être de retour à Marcoussis après 5 ans d’absence là-bas. » (Source : Quinze Mondial)
C’est en effet sa régularité en Top 14, notamment depuis la blessure de Cyril Baille, qui a propulsé Neti au premier plan. Devenu titulaire dans la mêlée rouge et noire, il enchaîne les prestations solides et disciplinées, face aux packs les plus rugueux du championnat.
Un choix stratégique pour les Bleus… et pour le Stade
Le retour de Neti en équipe de France intervient à un moment-clé. Après un début de tournée marqué par l’inexpérience de certains jeunes, le staff tricolore choisit ici l’assurance plutôt que l’audace. L’opposition à venir face aux champions du monde sud-africains appelait forcément à plus de densité, de maîtrise et d’expérience.
Rodrigue Neti, avec deux capes datant de 2020, revient donc avec l’humilité d’un joueur qui connaît bien la difficulté de s’imposer en sélection. Son profil, solide en mêlée et mobile dans le jeu courant, colle parfaitement aux exigences du haut niveau international. Revenir à Marcoussis, selon lui, c’est déjà une victoire, mais les ambitions pourraient rapidement évoluer selon les opportunités créées durant la tournée.
Du côté du Stade Toulousain, ce retour représente un double enjeu. D’une part, il souligne la capacité du club à maintenir ses joueurs à un niveau international, même lorsqu’ils ne sont pas dans la lumière. D’autre part, cela ajoute à la dynamique collective en interne : la concurrence reste vive au poste de pilier gauche, entre Neti, Bertrand et l’attente du retour de Baille.
En termes de calendrier, le club toulousain devra ajuster sa rotation en première ligne pour les prochaines semaines de Top 14 et de Champions Cup. Les jeunes comme Bertrand devraient donc gagner en responsabilité… et en pression.
Quelles perspectives pour Neti avec les Bleus ?
Si sa sélection est d’abord une réponse à un besoin immédiat, elle ouvre aussi des perspectives plus larges. À l’approche du Tournoi des Six Nations 2026 et dans un contexte de renouvellement progressif de l’effectif des Bleus, Neti a une véritable carte à jouer.
S’il parvient à s’imposer contre l’Afrique du Sud ou au cours des autres matchs de la tournée, il pourrait durablement intégrer la rotation en première ligne. Une résurrection internationale à plus de 30 ans reste rare, mais tout à fait possible — surtout avec un profil si complet et une maturité technique évidente.
Le rugby moderne réclame des piliers capables de mêler puissance, endurance et mobilité. Rodrigue Neti, plus affûté que jamais cette saison, semble prêt à relever le défi. Et à écrire, peut-être, une nouvelle page de son histoire en Bleu…