Avant même de fouler la pelouse du stade Mayol pour le quart de finale de Champions Cup face au RCT, le Stade Toulousain est rattrapé par une affaire explosive hors terrain. Melvyn Jaminet, arrière international recruté à prix d’or en 2022 depuis l’USAP, attend toujours le remboursement de sa clause libératoire qu’il avait lui-même financée.
Un transfert explosif : entre promesse et zone grise financière
Melvyn Jaminet, arrivé en 2022 au Stade Toulousain, avait dû contracter deux emprunts cumulant à 450 000 euros pour payer sa clause de sortie et rejoindre la Ville rose, avec l’assurance orale qu’il serait remboursé par le club. À l’époque, la manœuvre était censée contourner indirectement les limites du salary-cap imposées par la Ligue Nationale de Rugby (LNR). Résultat : une enquête ouverte et une amende de 1,3 million d’euros infligée au Stade Toulousain en mars 2024 par la LNR.
Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Selon L’Équipe, Jaminet n’aurait toujours pas vu la couleur des fonds. Pire encore, l’enchaînement d’opérations douteuses autour du paiement — notamment via l’intermédiaire Arnaud Dubois et la société Pacific Heart — n’a fait qu’alourdir l’affaire.
Impacts sportifs et tensions dirigeantes
Si les supporters se concentrent à juste titre sur une possible nouvelle épopée continentale, la situation hors des terrains pourrait bien provoquer des ondes sismiques en interne. Avec un dossier transmis à l’Autorité de régulation du rugby, une visite d’inspection prévue à Toulouse et Biarritz, et aucun appel reçu par Jaminet de la part des dirigeants toulousains (toujours selon L’Équipe), c’est désormais l’image du club qui se trouve écornée.
Bernard Lemaître, le président du Rugby Club Toulonnais, adversaire du week-end et témoin impliqué dans le dossier, a confié : « Il n’y a rien de concret mais il y a des intentions. Didier Lacroix et moi discutons ». Une déclaration laissant transparaître un bras de fer sur les conditions de remboursement, voire une volonté du Stade Toulousain de « payer le moins possible » selon les termes utilisés dans le quotidien sportif.
Alors que les intérêts des emprunts grossissent à vue d’œil, la posture attentiste du Stade Toulousain contraste avec la rigueur affichée sur le plan sportif. Car sur le terrain, le club est plus que jamais en lice pour un nouveau doublé Top 14 – Champions Cup. Mais comment maintenir la cohésion et la sérénité du vestiaire si les valeurs de respect et d’engagement sont remises en question ?
Quel impact sur la dynamique toulousaine ?
À plus long terme, l’affaire Jaminet pourrait impacter bien au-delà du seul cas de l’ancien joueur de l’USAP. Les modalités opaques de son transfert alertent sur les limites structurelles de la gestion contractuelle et salariale dans le rugby professionnel. Et alors que la LNR et les instances du rugby européen poussent pour plus de transparence, ce type de dossier pourrait freiner les prochaines manœuvres mercato du Stade Toulousain, voire détériorer son attractivité auprès de futurs renforts ou partenaires financiers potentiels.
Enfin, l’impact émotionnel ne doit pas être négligé. Comment un joueur peut-il pleinement se concentrer sur sa performance s’il vit une pression financière et psychologique liée à un dossier aussi nébuleux ? Jaminet, attendu ce dimanche sur la pelouse de Mayol face à son ancien club, jouera peut-être bien plus qu’un simple quart de finale : un match symbole.
Le Stade Toulousain, modèle d’excellence sur le terrain, devra désormais prouver qu’il peut aussi l’être en dehors. La crédibilité d’un club ne repose pas uniquement sur les titres, mais sur sa capacité à tenir ses engagements, y compris financiers. Affaire à suivre de très près.