Depuis sa retraite sportive en 2024, Sofiane Guitoune n’a jamais vraiment quitté l’univers du rugby. Après une dernière saison auréolée d’un Bouclier de Brennus avec le Stade Toulousain, l’ancien centre international suit de près l’évolution de son sport. Invité récemment sur Kick Off Rugby (Rugbyrama, 11 juillet 2025), il a livré une prise de position aussi inattendue que rafraîchissante : supprimer partiellement l’arbitrage vidéo, pour redynamiser le jeu. Une idée qui interroge, tant sur la forme que sur le fond.
Une proposition radicale : limiter drastiquement l’arbitrage vidéo
Lors de cette émission sur Rugbyrama, Guitoune n’a pas tourné autour du pot : « On perd un temps fou avec la vidéo. Les arrêts de jeu s’allongent, ça agace les joueurs, et le public décroche ». L’ancien Toulousain milite pour un format à la manière du tennis, avec un nombre limité de challenges vidéo par équipe. Un retour en arrière assumé selon lui, puisqu’il a connu tout au long de sa carrière des matchs sans TMO (Television Match Official) ni ralentis en boucle.
Trois recours à la vidéo par match, c’est l’idée centrale d’un système qui responsabiliserait davantage coachs et capitaines tout en limitant les ralentissements dans le rythme du jeu. Une sorte de VAR allégée, ciblée, pour éviter les coupures interminables et parfois inutiles.
Et Guitoune va plus loin : selon lui, l’abus d’arbitrage vidéo incite aussi à la simulation. Là où certains joueurs cherchent désormais à influencer l’arbitre via les écrans, l’ancien international prône un retour à l’instinct et à la prise de décision en temps réel.
Quel impact pour le Stade Toulousain et le rugby de haut niveau ?
Si la proposition de Guitoune fait débat, elle mérite une analyse à l’aune de l’évolution du rugby moderne – et du Stade Toulousain en particulier. Le club rouge et noir, reconnu pour son jeu dynamique et fluide, pourrait tirer profit d’un cadre plus libre en matière d’arbitrage. Moins de coupures signifierait plus de temps de jeu effectif, un vrai avantage pour les équipes qui misent sur la continuité et la vitesse, comme Toulouse sous Ugo Mola.
Néanmoins, la suppression partielle de la vidéo pose une autre problématique à Toulouse : celle de la discipline. Les cartons rouges récents (et parfois controversés) infligés à des joueurs du club, dont Retiere et Jelonch, ont souvent été décidés après relecture des images. Un arbitrage allégé pourrait certes fluidifier le jeu, mais aussi laisser passer des gestes dangereux, ou à l’inverse cautionner des erreurs humaines potentiellement lourdes en phases finales.
A noter que la Champions Cup, tout comme le Top 14, renforce chaque année les moyens vidéo d’assistance à l’arbitrage. La proposition de Guitoune irait donc à contre-courant de la tendance actuelle. Mais peut-être est-ce précisément ce dont le rugby a besoin : une pause réflexive sur l’évolution de son cadre réglementaire.
Une voix qui compte dans le rugby français
Sofiane Guitoune ne parle pas dans le vide. Avec 35 sélections sous le maillot tricolore et une décennie riche en titres avec le Stade Toulousain, son opinion pèse. Désormais étudiant en kiné dans le cadre de sa reconversion, il conserve une vision affûtée et non déformée par les enjeux médiatiques du haut niveau. Sa prise de position résonne avec un public de plus en plus critique envers les interruptions incessantes et les décisions sujettes à caution malgré la vidéo.
Ce débat relancé par Guitoune ouvre une fenêtre sur le futur du rugby – un futur où la technologie, à force d’intervenir, ne finirait-elle pas par trahir l’essence même du sport ? La question est posée. En attendant, le Stade Toulousain, toujours en quête de finesse et de mouvement, verra d’un bon œil cette réflexion qui plaide pour un retour à une forme de spontanéité rugbystique.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il limiter l’arbitrage vidéo dans le rugby professionnel ? Le débat ne fait que commencer.