Depuis plusieurs saisons, les duels entre le Stade Toulousain et l’Union Bordeaux-Bègles sont devenus des rendez-vous incontournables du Top 14. Avec deux finales consécutives disputées entre les deux formations (2024 et 2025), la rivalité sportive monte en intensité. Mais peut-on vraiment imaginer l’UBB dépasser Toulouse à moyen terme ? C’est le pronostic tranché de Marc Delpoux, ancien manager de l’UBB, qui relance le débat.
Une progression bordelaise, mais Toulouse garde l’avantage
Lors de la finale du Top 14 en 2024, le Stade Toulousain avait balayé les Bordelais sur un score humiliant de 59 à 3. Un an plus tard, la revanche a tourné à l’avantage des Rouge et Noir… mais dans des proportions bien moindres : victoire de Toulouse 39-33 après prolongations. Une rencontre haletante, preuve que l’UBB a clairement franchi un cap sous la houlette de Yannick Bru. En Champions Cup, Bordeaux avait d’ailleurs éliminé le tenant du titre irlandais en quarts de finale, avant de tomber en demies. Ce parcours européen témoigne d’une montée en puissance significative.
C’est donc dans ce contexte que Marc Delpoux, interrogé dans l’émission 100% UBB sur Ici Gironde (France Bleu), déclare : « Je crois que chaque année, Bordeaux va se rapprocher de plus en plus du Stade Toulousain et va très certainement, à terme, le dépasser. »
Une affirmation ambitieuse, mais qui mérite d’être analysée à la lumière des faits. Car si Bordeaux progresse, le Stade Toulousain continue lui aussi de se renforcer — que ce soit en développant sa formation ou par des recrutements ciblés, à l’exemple de la signature récente de l’international anglais Marcus Smith pour 2025-2026.
La constance toulousaine, le défi à surmonter pour l’UBB
Toulouse, c’est un palmarès indiscutable : 22 titres de champion de France, 5 étoiles européennes, et une régularité impressionnante depuis l’arrivée d’Ugo Mola à la tête de l’équipe. La saison dernière, malgré des absences majeures liées au calendrier international, les Rouge et Noir ont su gérer la rotation et maintenir leur niveau d’exigence.
De l’avis même de Delpoux, Bordeaux a besoin de toutes ses armes pour espérer battre ce mastodonte. « Il y a des faits de matchs et Bielle-Biarrey qui ne peut pas jouer à son niveau. Je crois que Bordeaux a besoin de toutes ses armes pour battre le Stade Toulousain. Malheureusement, ça n’a pas été le cas », confie-t-il. L’ailier international, absent des débats au Stade de France, représente en effet une pièce maîtresse du système bordelais – son absence s’est fait cruellement sentir.
À l’inverse, le Stade Toulousain a pu une nouvelle fois s’appuyer sur sa profondeur de banc et ses leaders comme Antoine Dupont, héros en club comme en sélection, ou Thomas Ramos, impeccable face aux perches. En clair, Toulouse réussit là où Bordeaux pêche encore : la gestion des temps faibles, la profondeur d’effectif, et une dimension mentale que les Bordelais peinent à maîtriser en finale.
L’avenir : une rivalité prometteuse, mais Toulouse a encore une longueur d’avance
Bordeaux s’impose clairement aujourd’hui comme un candidat au titre crédible sur les deux tableaux – Top 14 et Champions Cup. Mais le Stade Toulousain reste l’équipe à battre. Sa capacité à se renouveler, son identité de jeu profondément ancrée et son expérience dans les grands rendez-vous constituent encore des atouts que l’UBB n’a pas entièrement assimilés.
Cependant, cette rivalité croissante entre les deux clubs est une excellente nouvelle pour le rugby français. Elle pousse Toulouse à conserver l’excellence, et Bordeaux à atteindre ce standard. Ce choc de cultures, entre une institution centenaire et un club en pleine ascension, pourrait bien offrir un nouveau classique du rugby hexagonal, au même titre que les anciens duels Toulouse-Biarritz ou Toulouse-Clermont.
Alors, l’UBB dépassera-t-elle le Stade Toulousain ? Peut-être… mais pas encore.