Le Stade Toulousain a frappé un grand coup face au LOU Rugby (43-3), mais derrière le score fleuve, l’ambiance était plutôt studieuse qu’euphorique dans les rangs rouge et noir. Car pour Thibaud Flament, lucide et exigeant, Toulouse ne joue pas encore à son plein potentiel. Une analyse qui en dit long sur les ambitions du club à l’approche des phases finales du Top 14.
Un carton qui cache des imprécisions
Les chiffres sont flatteurs : 43 points inscrits, zéro essai encaissé, une première place assurée. Sur le papier, le Stade Toulousain a écrasé Lyon avec autorité. Pourtant, en conférence de presse, Thibaud Flament a tenu à tempérer les ardeurs. Interrogé par Rugbyrama, le deuxième ligne international a reconnu : « Il y a de bonnes choses, tout n’est pas à jeter […] mais nous ne pouvons pas sortir de cette rencontre pleinement satisfaits » (source : Rugbyrama).
Son principal grief ? Le manque de constance et des erreurs techniques qui, selon lui, n’auraient pas pardonné face à des adversaires d’un autre calibre. Si l’essai de retour de Dupont et la performance clinique de Ramos ont marqué les esprits, en coulisses, le staff a insisté sur la nécessité de hausser le curseur. Flament poursuit : « Les entraîneurs nous ont dit que nous n’étions pas à notre meilleur niveau et qu’il faut que nous nous remettions tous en question. »
Un message fort avant les phases finales
Ce discours volontairement exigeant incarne l’ADN compétitif du Stade Toulousain. Pas question de se reposer sur ses lauriers, même avec un ticket direct pour les demi-finales en poche. La machine toulousaine, bien huilée, sait que c’est en mai et juin que tout se joue réellement.
Le staff, mené par Ugo Mola, veut éviter les pièges déjà vus les saisons passées : baisse d’intensité avant les phases finales, relâchement mental après une large victoire, et illusion de supériorité. L’humilité et le travail collectif restent les maîtres mots.
Les prochaines semaines seront capitales dans l’optique de garder le Bouclier de Brennus. La dernière journée à Perpignan s’annonce idéale pour ajuster les automatismes sans pression comptable, mais avec une exigence intacte dans l’exécution.
Une profondeur de banc précieuse, mais à sculpter
Autre enjeu, souvent sous-estimé : la gestion de la profondeur d’effectif. Toulouse possède l’un des réservoirs les plus riches du rugby européen. Mais cette richesse nécessite des choix exigeants pour aligner les profils les plus affûtés lors des grandes échéances. Celui de l’alignement et des rotations reste un casse-tête constant pour le staff.
Baille, Marchand, Dupont, Ntamack — autant de cadres revenus au bon moment, mais toujours en quête de leur pic de forme. D’autres, à l’image de Meafou ou Barassi, incarnent une régularité bienvenue, sur laquelle Toulouse pourra s’appuyer.
En filigrane, cette exigence permanente montre que les leaders du vestiaire, Flament en tête, ne s’enflamment jamais. Car loin d’être un simple match de gala, la victoire contre Lyon est une étape dans une quête plus grande : celle d’un doublé Top 14-Champions Cup encore accessible.
Une exigence à la hauteur des ambitions du club
À travers les mots de Thibaud Flament, c’est toute la culture d’excellence du Stade Toulousain qui s’exprime. Loin de se satisfaire du résultat brut, les Rouge et Noir veulent du contenu, du rythme, et de la précision. À cette heure, ils savent qu’ils sont encore perfectibles — et c’est précisément ce qui fait d’eux un candidat crédible à leur propre succession.
Les oppositions à venir — notamment face à des adversaires comme La Rochelle ou le Stade Français, toujours en course — exigeront un niveau bien supérieur à celui de cette victoire contre Lyon. Et Toulouse, avec sa lucidité et son esprit de compétition, semble prêt à relever ce défi.