Faut-il parfois voir son rival triompher pour réveiller une envie insatiable de revanche ? C’est en tout cas ce que laisse entendre Thibaud Flament, deuxième ligne du Stade Toulousain, quelques jours après une élimination douloureuse en demi-finale de Champions Cup face à l’Union Bordeaux-Bègles. Si les Rouge et Noir ont profité de quelques jours de repos forcés, c’est avec l’esprit piqué qu’ils se préparent à aborder les phases finales du Top 14. Car Bordeaux a non seulement éliminé Toulouse, mais a également soulevé le trophée européen. Et pour Flament comme pour ses coéquipiers, ces images ont eu un effet galvanisant plutôt que dévastateur.
Un échec européen qui laisse des traces
L’élimination en Champions Cup reste en travers de la gorge du Stade Toulousain. Dominés dans l’intensité par une UBB parfaitement préparée, les hommes d’Ugo Mola ont laissé filer la possibilité d’un sixième titre européen. Une désillusion d’autant plus douloureuse que cette équipe affichait de belles ambitions continentales cette saison, reposant sur un groupe étoffé, une charnière Dupont-Ntamack flamboyante et un collectif rodé.
Mais à l’image de Flament, certains cadres de l’équipe tirent du positif de cette défaite. Interrogé par La Dépêche, le joueur formé à Loughborough confie : « Oui, j’ai regardé la finale, ce n’était pas un moment agréable mais je pense que c’était un mal nécessaire. De voir les célébrations, je suis content pour eux, c’est mérité. Mais c’est sûr que ça alimente notre envie d’aller plus loin possible […] On a envie de gagner. » (La Dépêche).
Ce sentiment de frustration, transformé en moteur de motivation, reflète bien l’état d’esprit du vestiaire toulousain. Loin d’enfoncer le clou, l’attitude de Bordeaux — exemplaire dans sa progression sur la scène européenne — semble avoir provoqué une remise en question constructive.
Focus sur le Top 14 : une revanche à prendre
Remobilisé, le Stade Toulousain se tourne désormais vers les phases finales du Top 14 avec une détermination renouvelée. À deux journées de la fin de la saison régulière, les Rouge et Noir espèrent sécuriser une place dans le top 2 synonyme de demi-finale directe à Bordeaux – clin d’œil du destin pour une potentielle revanche ?
La dynamique du groupe, renforcée par les retours de joueurs majeurs comme Emmanuel Meafou et Pierre-Louis Barassi, laisse présager une montée en puissance. Si l’élimination européenne a brisé un élan, elle a aussi eu le mérite de libérer le calendrier sur les dernières semaines, permettant à la cellule performance toulousaine de retrouver une fraîcheur bienvenue.
« On aurait évidemment préféré être à Londres, mais ce break va aussi nous servir mentalement et physiquement », souffle un membre du staff, selon des informations rapportées par Midi Olympique. Toulouse, habitué des fins de saison intenses, connaît les leviers à activer pour performer : gestion de l’effectif, montée en puissance ciblée, et surtout, une faim de titres assumée.
N’oublions pas que le Stade Toulousain est double tenant du titre, et que cette équipe, lorsque piquée dans son orgueil, peut se révéler redoutable. Les prochaines rencontres face au LOU puis au Stade Français seront l’occasion idéale pour valider cette montée en régime.
Un œil sur Bordeaux, un autre sur Paris
L’ironie du sort pourrait mener à une revanche directe contre l’UBB en Top 14. En ligue comme en Champions Cup, les équipes girondine et toulousaine semblent destinées à se croiser au sommet. Cela pourrait se régler en demi-finale ou en finale du Top 14, un scénario à forte charge émotionnelle — les Bordelais désormais sur un nuage, et les Toulousains, blessés mais déterminés.
Mais attention à ne pas se focaliser uniquement sur l’UBB. Le Stade Toulousain doit aussi surveiller un Stade Français solide cette saison, et un Racing 92 toujours imprévisible. Le Top 14 est tout sauf un long fleuve tranquille, et les Rouge et Noir devront naviguer avec maîtrise dans cet océan de concurrence féroce.
La frustration toulousaine pourrait bien être l’étincelle qui embrasera leur sprint final. Reste à transformer cette rage froide en force positive sur le terrain. Avec des leaders comme Flament, Dupont ou Cros en tête de proue, tout semble encore possible.