Penaud tranche : « Le 59-3 ? J’avais honte » – Retour sur les défaites de l’UBB face au Stade Toulousain

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By Samuel Dion

Deux finales, deux visages, une même issue. L’Union Bordeaux-Bègles a croisé la route du Stade Toulousain en Top 14 à deux moments charnières de son histoire récente. En juin 2024 puis en 2025, les Girondins ont vu leur rêve de Bouclier de Brennus s’envoler. Dans une interview accordée à L’Équipe, Damian Penaud est revenu sans détour sur ces deux revers. Entre humiliation et frustration, le trois-quarts international tricolore nous livre un témoignage fort, qui met aussi en lumière l’implacable efficacité du Stade Toulousain en phases finales.

Des deux finales, laquelle a le plus marqué Penaud ?

Impossible d’oublier cette première finale de Top 14 pour l’UBB, en juin 2024. Le choc tant attendu face aux Rouge et Noir avait tourné à la démonstration toulousaine. Score final : 59-3. Un écart historique qui a laissé des cicatrices. Pour Penaud, c’est cette déroute qui reste la plus difficile à encaisser. « Le 59-3, j’avais honte », confie-t-il à L’Équipe. « C’était compliqué, même si cette rouste nous a sans doute aidés à rebondir. Maintenant, j’en rigole. C’est le sport, il faut passer à autre chose. On s’est fait humilier. Ça arrive à tout le monde ».

Un an plus tard, Bordeaux revient plus fort, porté par une saison européenne réussie (victoire en Champions Cup) et un collectif soudé autour de Yannick Bru. En finale 2025, l’opposition est beaucoup plus serrée. Emmenée par Jalibert, Moefana ou Diaby, l’UBB pousse Toulouse en prolongation. Une impression de domination émerge même dans les premières minutes du temps additionnel. « Psychologiquement, j’ai même eu la sensation qu’on avait pris le dessus », explique Penaud. Mais face à ce Stade Toulousain, l’option de relâchement n’existe tout simplement pas.

Et c’est là que le club de la Ville Rose, fidèle à son ADN, renverse la dynamique. Après avoir plié sans rompre en première période de prolongation, les hommes d’Ugo Mola, emmenés notamment par Antoine Dupont et une troisième ligne d’acier, trouvent une brèche. Ils marquent, reprennent l’ascendant, et conservent le titre. Pour Penaud, « le meilleur a gagné ». Une défaite cruelle, mais assumée.

Stade Toulousain : Maîtrise mentale et expérience comme armes fatales

Ces deux finales illustrent une constante dans la stratégie toulousaine : la gestion des temps forts et la capacité à tuer un match au bon moment. En 2024, la supériorité toulousaine était totale : domination physique, vitesse d’exécution, précision clinique dans les zones de vérité. Le milieu de terrain fut un champ de ruines pour l’UBB, balayé par les relances de Ramos et les fulgurances de Lebel.

Mais c’est surtout lors de la finale 2025 que le mental toulousain s’est exprimé dans toute sa splendeur. Acculés pendant dix minutes en prolongation, les Rouge et Noir ne perdent jamais leurs nerfs. Leur discipline, leur gestion de la pression, et leur capacité à convertir la moindre opportunité en points montrent l’écart qui subsiste encore entre l’UBB et les ogres du Top 14.

Dernière stat révélatrice ? Depuis 2019, Toulouse a remporté 4 des 6 dernières finales du Top 14, consolidant son statut de référence du rugby hexagonal et européen. Un palmarès qui pèse lourd dans les têtes comme dans les jambes.

L’UBB en apprentissage, Toulouse toujours au sommet

Pour Bordeaux-Bègles, ces défaites marquent le chemin encore à parcourir. Le potentiel est là, l’encadrement progresse et la culture de la gagne s’instaure peu à peu. La saison 2024-2025 a déjà été historique avec un sacre en Champions Cup, mais le Bouclier reste insaisissable.

Le Stade Toulousain, quant à lui, démontre toujours cette capacité à se réinventer. Malgré les départs programmés de plusieurs cadres en 2025, Ugo Mola et son staff continuent de faire éclore une nouvelle génération dorée, tout en maintenant un niveau de performance constant. Cette double victoire face à l’UBB, dans deux configurations totalement différentes, atteste d’un modèle stratégique robuste tant sur le plan physique que mental.

Dans le rugby comme ailleurs, les défaites forgent les victoires de demain. Et si l’UBB veut titiller durablement Toulouse, elle devra non seulement élever son niveau individuel, mais s’imprégner de cette culture de la gagne qui fait aujourd’hui toute la différence.

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