La finale de la Champions Cup remportée par l’UBB face à Northampton restera dans les annales, mais pour Yannick Bru, le vrai sommet de la saison 2023-2024 s’est joué une étape plus tôt. L’ancien talonneur du XV de France a livré une analyse lucide et stratégique, pointant la demi-finale contre le Stade Toulousain comme le match le plus marquant et le plus accompli de cette campagne européenne d’exception.
Une victoire fondatrice contre le Stade Toulousain
Dans un entretien accordé au Midi Olympique, Yannick Bru ne cache pas que sa plus grande satisfaction n’est pas venue de la finale, mais de la demi-finale arrachée face au Stade Toulousain. Un adversaire de taille, récidiviste des sommets européens, que l’UBB a dû dominer pour atteindre sa première finale de Champions Cup.
Pour comprendre l’importance de cette rencontre dans la tête du manager bordelais, il faut revenir sur le contexte et le contenu du match. Le Stade Toulousain, emmené par ses cadres comme Antoine Dupont ou Emmanuel Meafou, reste l’une des équipes les plus denses et redoutables du moment. Or, face à cette armada rouge et noire, l’UBB s’est illustrée par sa capacité à résister dans les temps faibles, à gérer l’indiscipline (malgré un carton jaune infligé à Marko Gazotti) et à briller dans les initiatives individuelles : « La demie contre Toulouse a été le match le plus difficile. Cela a aussi basculé sur des moments clés […] Son idée lumineuse a changé le cours de la demi-finale », a déclaré Bru à Midi Olympique. Une référence explicite à l’action décisive de Matthieu Jalibert, dont la deuxième relance a inversé la physionomie du match.
Une finale maîtrisée… mais sans éclat selon Bru
À l’inverse, la finale contre Northampton, bien qu’elle ait permis à l’Union Bordeaux-Bègles de remporter le trophée européen, ne constituait pas pour autant la meilleure prestation de la saison selon le technicien. L’UBB a certes contrôlé le tempo du match, notamment dans les impacts et les phases de conquête, mais Bru constate une relative supériorité physique plus qu’un réel génie collectif : « Contre Northampton, on n’a pas réalisé notre meilleure prestation de la campagne européenne ».
Ce jugement, loin d’être une critique, met en lumière l’exigence de l’ancien entraîneur toulousain. L’UBB, malgré son ascension fulgurante et son premier titre continental, veut encore grandir, se perfectionner, et ne pas se satisfaire de l’exploit. Cette lucidité s’inscrit dans la droite ligne du travail de fond mené depuis son arrivée en Gironde en 2023. C’est aussi un signal envoyé à la concurrence, et notamment au Stade Toulousain : l’UBB n’est plus un outsider, mais une place forte du rugby français et européen.
Quel impact pour le Stade Toulousain ?
Du côté du Stade Toulousain, cette élimination en demi-finale de Champions Cup reste un revers amer, d’autant que l’équipe semblait armée pour réaliser un nouveau doublé Top 14 – Champions Cup. Ce match a mis en lumière certaines carences dans la gestion des tournants clés, mais aussi une fébrilité dans le secteur de la relance, que les hommes d’Ugo Mola vont devoir corriger pour rester en haut de l’affiche.
Pour Toulouse, cette défaite pourrait servir de catalyseur : si la réaction en Top 14 a été immédiate avec une place en finale, cette demi-finale européenne reste un point de bascule, un match référence… mais dans l’autre sens. Yannick Bru voulait gagner la bataille stratégique, il a réussi. Au Stade Toulousain maintenant de reprendre le contrôle et de transformer ce revers en force pour la saison prochaine.