Le Stade Toulousain, auréolé de son doublé retentissant la saison dernière, a vu ses rêves de triplé s’effondrer brutalement au Matmut-Atlantique en mai dernier. Battus par un solide collectif de l’Union Bordeaux-Bègles en demi-finale de Champions Cup, les hommes d’Ugo Mola ont été renvoyés à leurs doutes. Désormais tournés vers la demi-finale du Top 14 contre l’Aviron Bayonnais, ils veulent prouver que leur ambition ne s’est pas effilochée. Et Rodrigue Neti, pilier gauche du groupe, ne mâche pas ses mots.
Une défaite encore en travers de la gorge
Dans une interview accordée à Midi Olympique (source : rugbyrama.fr), Rodrigue Neti est revenu sur cet échec européen : « Cette demie nous est restée en mémoire », confie-t-il. Et pour cause : après une saison 2022-2023 stratosphérique, cette élimination en Champions Cup a laissé un goût amer. Le Stade Toulousain a peut-être terminé en tête du Top 14 au terme de la saison régulière, mais les prestations manquent de panache.
L’analyse de Neti sonne comme un électrochoc : « Autour de nous, ça bosse, ça bosse, ça bosse. Est-ce qu’on se satisfait de cette première place ou est-ce qu’on a vraiment envie de maintenir notre statut ? ». Derrière cette déclaration, se dessine une inquiétude légitime : la régularité et la concentration du groupe dans les moments clés sont-elles toujours au rendez-vous ?
Pendant que les autres équipes affûtent leurs lames, certains cadres toulousains s’interrogent. Ce relâchement perçu est d’autant plus préoccupant que l’objectif est clair : décrocher un 22e Bouclier de Brennus et rappeler à tous que Toulouse reste la référence du rugby hexagonal.
Un vrai test mental et collectif face à Bayonne
Face à l’Aviron Bayonnais en demi-finale vendredi, Toulouse va devoir sortir du bois. Certes, les Basques ne jouent pas dans la même catégorie budgétaire ni de profondeur d’effectif, mais leur saison 2023-2024 parle pour eux. Portés par un jeu décomplexé et une grande solidarité, les hommes de Grégory Patat arrivent avec l’insouciance de ceux qui n’ont rien à perdre… et tout à bousculer.
De son côté, Toulouse avance masqué. Neti déclare même : « Ça fait combien de temps qu’on n’a pas gagné deux matchs importants d’affilée ? ». Une remarque percutante qui illustre bien les montagnes russes émotionnelles vécues ces dernières semaines. Si les absences et la rotation ont forcément joué, la question de l’implication mentale sur chaque match reste entière.
Ugo Mola, en fin stratège, sait que la demi-finale sera autant un duel sur le pré qu’un examen de conscience. Comment réactiver un groupe rempli de talents (Dupont, Ntamack, Marchand, Jelonch…) mais parfois trop sûr de lui ? Comment transformer la frustration en moteur de réussite ?
Vers une rédemption collective ?
Le mot d’ordre dans le vestiaire est simple : retrouver la faim. Depuis la désillusion européenne, les cadres du groupe – Neti en tête – appellent à une remise en question collective. Ils savent que porter le maillot rouge et noir ne suffit pas : il faut l’incarner.
Sur le plan rugby, Toulouse conserve l’une des meilleures attaques du championnat, un pack performant en mêlée fermée, et un demi de mêlée capitaine (Antoine Dupont) capable de changer le cours d’un match à lui seul. Mais ces armes doivent être activées ensemble, avec intensité, précision… et humilité.
Une victoire contre l’Aviron ne serait pas seulement une qualification pour la finale du Top 14 ; ce serait une réponse. Une déclaration d’intention à tous les prétendants encore en course. Et une promesse tenue vis-à-vis d’un public exigeant, mais fidèle.
Comme le résume parfaitement Rodrigue Neti : « Aujourd’hui, il y a vraiment l’envie de se tester, de voir où on en est réellement cette saison. ». Un aveu de vulnérabilité qui pourrait bien constituer la meilleure des forces si l’équipe parvient à se recentrer sur l’essence même du rugby toulousain : le jeu, l’exigence et la conquête.